L'absinthe ? Une folle histoire 

L'HISTOIRE DE L'ABSINTHE, DE SES ORIGINES À SON INTERDICTION

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il serait préférable de vous expliquer ce qu’est l’absinthe ? Le mot "absinthe" trouve ses racines dans le grec antique. Deux étymologies possibles existent :

• "Apsinthos" signifiant "privé de douceur", soulignant le goût amer de la plante.
• "Apsinthion" signifiant "qu'il est impossible de boire", indiquant la puissance de l'absinthe.

En effet, l'absinthe, est une boisson apéritive alcoolisé qui tire son nom d'une plante aromatique. Sa fabrication traditionnelle implique une macération d'herbes sélectionnées dans un mélange d'alcool et d'eau, suivie d'une distillation précise. Ce processus donne naissance à une liqueur très puissante.

Dès l'Antiquité, l'absinthe était connue pour ses propriétés médicinales. Des traces de son utilisation remontent à l'Égypte ancienne, où elle est mentionnée dans le Papyrus Ebers (entre 1600 et 1500 av. J.-C.) pour ses vertus curatives.

De grands noms de la médecine antique, tels que Pythagore et Hippocrate (460-377 av. J.-C.), ont également vanté les mérites de l'absinthe. Ils reconnaissaient ses effets positifs sur la santé et ses propriétés aphrodisiaques.

Chez les Grecs anciens, l'absinthe était consommée sous forme de vin additionné d'extraits de la plante, appelé "absinthites oinos". Cette boisson était appréciée pour ses saveurs et ses effets toniques.

Née en Suisse à la fin du XVIIIe siècle, l'absinthe a connu un essor fulgurant au XIXe siècle. Son histoire débute dans le Val-de-Travers, une région suisse nichée au cœur des montagnes, où des distilleries artisanales commencèrent à produire cette liqueur unique.

Avant d’être un alcool, l'absinthe était une plante consommée en tisane. Ses feuilles aux huiles essentielles curatives étaient réputées pour leurs nombreuses propriétés bénéfiques. On lui attribuait notamment le pouvoir de soulager les maux de têtes, la fièvres, les douleurs abdominales etc.

Mais l'absinthe ne se résumait pas qu'à un remède pour les soldats. Ils appréciaient son goût, et pas seulement pour soulager leurs maux intestinaux.

Même après leur retour en France, le souvenir de l'absinthe ne les quittera pas. Dans les cafés parisiens populaires, les militaires s'adonnent au billard et aux dominos, tout en savourant leur absinthe. Cette boisson "tropicale" au parfum exotique est à la mode. Tout Paris succombe à son tour à la Fée d'Orient, une liqueur envoûtante.

En 1850, l’absinthe devient l’apéritif le plus populaire en France. Vers la fin des années 1850, un fléau s'abat sur les vignobles européens : le phylloxéra. En moins d'une décennie, ce puceron ravageur décime les deux tiers des vignes, provoquant une montée des prix du vin et une pénurie. Seule la bourgeoisie peut encore s'offrir ce breuvage autrefois accessible à tous. Face à cette situation, la classe moyenne se tourne vers une alternative moins chère : l'absinthe.

Ce spiritueux bien plus abordable que le vin, séduit par sa puissance et son goût unique. Mais c'est surtout sa mystérieuse ivresse qui en fait un véritable phénomène de société. On lui attribue des propriétés extraordinaires, exaltant les sens et stimulant la créativité. L'absinthe devient alors la boisson de prédilection des artistes, des intellectuels et de tous ceux qui cherchent à échapper à la réalité quotidienne.

Le degrés d'alcool élevé de ce liqueur et la thuyone, une molécule présente dans la plante, sont accusés de provoquer de graves dégâts cérébraux, de rendre fou et criminel les gens. C’est en 1915, peu après le début de la 1re Guerre mondiale que la France décida d'interdire l'absinthe.

Connue comme étant « l’alcool qui rend fou », elle est vite critiquée par les médecins, la presse et l’Eglise catholique, ce qui la rend interdite dans plusieurs pays européens, dont la France à partir du 16 mars 1915.

Cependant, les méthodes scientifiques utilisées à l'époque pour étayer ces accusations étaient considérées comme peu fiables et sujettes à caution. De nos jours, la communauté scientifique rejette l'idée que la thuyone, seule, soit responsable des effets néfastes attribués à l'absinthe.